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" Ce peuple chante aussi naturellement qu'il aime, qu'il rêve et qu'il se bat. "

Anatole Le Braz
    Certains sols de l'Armorique, les plus anciens de France, datent de l'ère primaire. Les dolmens et menhirs, comme à Carnac, les mythes et les légendes de la forêt de Brocéliande y évoquent la civilisation celtique qui a dominé la péninsule bretonne. Au moment des grandes invasions, les bretons de Cornouaille, fuyant Angles et Saxons, s'installent en Armorique et lui donnent leur nom. Au Xème siècle, elle est érigée en duché sous l'autorité du comte de Rennes, Conan Ier le Tort. Elle doit d'abord subir la tutelle des Anglo-Normands puis celle des dynasties angevines, du XIème au XIIIème siècle. Mais au-delà de ces vicissitudes, se développe une civilisation originale, où les coutumes, les croyances et la foi religieuse tiennent lieu de gouvernement. Les mariages successifs d'Anne de Bretagne avec Charles VIII en 1491 puis avec Louis XII en 1499 et celui plus tard, de sa fille Claude avec François Ier unissent la Bretagne à la couronne. Par l'acte d'union signé en 1592, la Bretagne reçoit un statut privilégié : elle conserve ses droits et son parlement et est exemptée des impôts royaux, notament de la Gabelle, ce qui lui permet de s'enrichir grâce à la contrebande du sel. Toutefois, l'intégration au royaume est longue et difficile. Les deux Bretagne, celle des terres et celle de la mer, résistent chacune à leur façon à l'influence française. La Bretagne de l'intérieur, enclavée par le bocage, s'y oppose par des révoltes sporadiques comme celle, contre l'impôt, des "bonnets rouges" sous Louis XIV. La Bretagne des côtes et des îles, Ouessant, Sein, Belle-Isle... est en fait un promontoire avancé sur l'océan, isolé du reste de l'hexagone. La mer est sa seule ouverture et c'est à ses ports, de pêches ou de commerce, qu'elle doit sa prospérité. Dès le XVIème siècle, les marins bretons arment des navires pour découvrir de nouvelles terres. Jacques Cartier le Malouin aborde en 1535 le rivage du Saint Laurent. Les ports bretons participent au grand commerce maritime. Leurs marins pêchent la morue en Islande et à Terre-Neuve et fréquentent les îles d'Amérique, l'Italie ou le Levant. Saint-Malo devient le plus grand port d'Europe tandis q'aux XVIIème et XVIIIème siècles, Nantes a le monopole du "commerce tringulaire" entre l'Afrique, les Antilles et l'Europe. Sous Louis XIV, les marins se font corsaires et pratiquent la guerre de course. Durant la Révolution et l'Empire, le Malouin Surcouf perpétuera cette tradition de flibuste.
    La Révolution mettra fin à l'autonomie de la province. La Bretagne est désormais divisait en cinq départements dont celui de Loire-Atlantique, aujourd'hui intégré aux pays de Loire. Nantes exeptée, il ne reste pas grand chose du commerce breton et les ports se sont tournés vers la pêche. Ils ont particulièrement souffert des combats de la Seconde Guerre mondiale mais depuis, Brest a retrouvé son arsenal et sa flotte de haute mer, Lorient oubliant la base de "Kriegsmarine", est revenu à la pêche et à la conserverie. La nouvelle activité, c'est le tourisme. Avant-guerre, les Britanniques découvrirent Dinard et en firent un nouveau Deauville. Entre les falaises du cap Frehel et les plages de la Baule, chaque village de pêcheur s'est depuis transformé en station balnéaire. Les côtes escarpées ont reçu des noms évocateurs : côte d'Emeraude, côte des Roches, côte des Légendes, côte Sauvage, côte d'Amour... Les golfes du Morbihan ont accueilli les ports de plaisance et la Bretagne est devenue le "paradis de la voile". L'activité maritime n'éclipse pas la Bretagne intérieure. Les plateaux coupés de vallées sinueuses et resserrées ou les Monts d'Arrée n'ont pas comme seul titre de gloire d'avoir été le terrain d'entraînement des cyclistes Jean Robic, Louison Bobet, ou Bernard Hinault. L'Argoat, le "pays de la terre", se consacre traditionnellement à l'élevage de porcs, de volailles ou de vaches. En dépit de conditions géologiques défavorables, la Bretagne demeure un pays agricole. Jusqu'au milieu du XIXème siècle, l'économie est restée quasiment médiévale, retardée par l'isolement. Longtemps, la petite ferme trapue au toit d'ardoise noire a abrité une famille nombreuse vivant de l'agriculture. Mais les terres gagnées sur les taillis et les landes portaient des cultures pauvres, seigle, pomme de terre, pomme à cidre ou le fameux sarrazin dont sont faites les galettes. A la fin du XIXème siècle, la modicité des revenus et le morcellement des exploitations ont poussé les Bretons à émigrer vers les ports et vers la région parisienne. L'évolution démarre avec la pénétration des routes et chemins de fer. Les terres riches du littoral forment alors une "ceinture dorée" céréalière, marîchère et fruitière. La forte mobilisation du mouvement paysan en fait aujourd'hui une région "chaude", secouée par de fréquentes vagues d'agitation. Le "malaise Breton" est de plus entretenu par une émigration persistante et une faible industrialisation. Pourtant, des entreprenants frères Leclerc à l'entreprise Citroën, les signes du dynamisme ne manquent pas. Le relais de communication de Pleumeur-Bodou ou l'usine marée-motrice de la Rance témoignent également du renouveau.
    La renaissance est aussi culturelle. Après une période de désaffection de plusieurs décennies, la langue Bretonne revient à l'honneur. Elle est enseignée dans les écoles Diwan et à titre facultatif dans les lycées. Les chants, cosutmes et danses traditionnels, la diffusion du sigle BZH (Breizh signifie Bretagne), le succés des fest-noz et la renaissance de la musique traditionnelle sous l'impulsion d'Alan Stivell, Dan Ar Braz, ou plus récemment Matmatah, contribuent à la renaissance d'une individualité culturelle et linguistique.
 
        Le Breton est-il ma langue maternelle? Non : Je suis né à Nantes où on ne le parles pas... Suis-je même Breton? Vraiment je le crois. Mais de "pure race", qu'en sais-je et qu'importe?...Séparatiste? Autonomiste? Régionaliste? Oui et non : différent. Mais alors vous ne comprenez plus. Qu'appelons nous être Breton? Et d'abord, pourquoi l'être?

        Français d'état civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de français : mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais breton... Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus, ou pour mieux dire, en conséquence : si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où à chaque génération des hommes se reconnaissent bretons. A cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront -ils- bretons? Nul ne le sait. A chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance...

Texte extrait de Comment peut on être breton, "Essai sur la Démocratie française", Morvan Lebesque ( Éditions du seuil, 1970 ).


 
L'identité Bretonne, quel avenir ?
        L'identité bretonne est, en quelque sorte, une identité hors-la-loi étant donné que la conception de la citoyeneté française ne laisse pas de place à une double appartenance, comme dans un système fédéral : on est citoyen français, point final.
        En conséquence, les cibles privilégiées de l'état français dans son effort séculaire pour faire disparaître l'identité bretonne fournissent une indication sûre des éléments constitutifs de cette identité. A l'évidence, ces éléments sont l'identité, la langue et le territoire.
        Les atteintes portées à ces trois éléments de notre identité sont patentes : l'histoire bretonne est occultée, la langue n'est pratiquement pas enseignée et le territoire a été sciemment amputé.
        Tout ceci a des répercussions psychologiques, voire économiques, éminemment fâcheuses, mais paradoxalement provoque des prises de conscience extrêmement vives qui vont totalement à l'encontre du but poursuivi par l'état français.
        Il est clair désormais, face à l'environnement international, que ce but ne peut pas être atteint, que l'identité bretonne est absolument indestructible, en dépit de ce que l'observation superficielle pourrait laisser croire.